De quelle manière et jusqu’à quel point le cannabis influe-t-il sur les comportements du consommateur et notamment l’activité physique, c’est le sujet d’une nouvelle étude menée par une équipe de chercheurs américains. Financées par le gouvernement fédéral, les investigations scientifiques pour répondre à cette question on duré pas moins de quatre semaines et donné des résultats qui remettent en question quelques idées préconçues sur les fumeurs de cannabis…
Dans l’imaginaire collectif, le fumeur de joints est plutôt un oisif content de l’être. Ce qui est parfaitement logique puisque, c’est bien connu, le cannabis produit un effet apaisant et sédatif qui n’encourage pas vraiment à quelque activité et moins encore au labeur. Cette vision bien ancrée du consommateur paresseux, assoupi devant son téléviseur vient d’être battue en brèche par une récente étude publiée à la fin du mois de décembre dans la revue scientifique à comité de lecture Addictive Behaviors. Confiée à une équipe de dix chercheurs issus d’universités médicales et scientifiques réparties à travers tout le territoire américain (Oklahoma, Texas, Michigan, Géorgie, Louisiane, Colorado…), l’enquête devait examiner les « associations entre la consommation de cannabis et d’autres comportements liés à la santé ». Elle s’appuyait pour cela sur les données de vastes investigations menées pendant un mois auprès d’une centaine d’adultes âgées de plus de 18 ans, dont les comportements étaient suivis minutieusement.
Par le biais d’un panel de questions envoyées quotidiennement sur leur smartphone, les participants devaient déclarer les activités pratiquées et le degré d’effort propre à chacune, ainsi que leur consommation de substances réglementées au cours des dernières 24h. Dans le cadre de l’étude, seuls les volontaires ayant consommé au moins une fois du cannabis au cours du mois écoulé ont été inclus, afin de permettre aux chercheurs « d’évaluer dans quelle mesure la consommation de cannabis un jour particulier était associée à d’autres comportements de santé le même jour. » L’équipe de chercheurs a déclaré dans son rapport que son étude comptait « parmi les premières à utiliser les données de suivi en temps réel pour examiner les associations entre la consommation de cannabis et l’APMV (activité physique modérée à vigoureuse) le jour même, la consommation d’alcool et les cigarettes fumées » et que ses conclusions établissaient formellement que les participants étaient plus actif les jours où ils avaient consommé du cannabis.
L’activité physique est plus élevée dans le États américains ayant légalisé le cannabis récréatif et médical.
De précédentes recherches menées sur des bases statistiques différentes avaient déjà suggéré que les fumeurs de cannabis connaissaient un regain d’activité les jours de consommation, corroborant les résultats de cette étude. Les chercheurs ont ainsi expliqué que « Les associations positives observées entre la consommation de cannabis et l’APMV sont conformes à notre hypothèse et aux observations transversales antérieures selon lesquelles les personnes qui consomment du cannabis (par rapport aux non-consommateurs) ont tendance à déclarer plus de minutes d’activité physique hebdomadaire et ont une AP légère et une APMV plus élevées mesurées par accéléromètre. » L’équipe scientifique a néanmoins reconnu que leurs conclusions allaient à l’encontre d’autres études niant ce surplus d’activité : « Cependant, (nos) observations contredisent de précédents résultats qui ont montré que les consommateurs actuels et passés de cannabis ont une AP globale et récréative plus faible que les personnes n’ayant jamais consommé de cannabis. »
Les chercheurs suggèrent que cette contradiction pourrait être liée à l’âge des participants et à leur historique de consommation, mais aussi à la prise en compte de l’activité globale, alors que leur étude ne s’appuyait que sur une sélection d’exercices physiques. Si l’équipe scientifique ne s’est pas penchée spécifiquement sur les raisons de cette recrudescence d’activité consécutive à la prise de cannabis, elle a néanmoins évoqué quelques hypothèses : « Des mécanismes ont été proposés concernant la façon dont la consommation de cannabis peut influencer la participation à l’activité physique, notamment la façon dont la consommation de cannabis peut augmenter le plaisir et la motivation à être physiquement actif, améliorer la récupération après l’AP et activer le système endocannabinoïde et, par la suite, le système dopaminergique, augmentant ainsi le sentiment de récompense psychologique associé à l’AP. » Enfin, l’enquête a également constaté que la consommation de cannabis était liée à une augmentation de la prise d’alcool et de tabac.