Si le CBD est actuellement dans la ligne de mire de la presse grand public qui dénonce notamment la présence de molécules dangereuses dans un certain nombre de produits vendus dans le commerce sans avertissement, ses propriétés n’en continuent pas moins d’être examinées par la science qui vient de révéler à travers une nouvelle étude des vertus potentielles contre les troubles autistiques.
Les troubles du spectre autistique (TSA) sont en constante augmentation depuis vingt ans dans les pays occidentaux. Si les spécialistes estiment qu’environ un enfant français sur 150 nait autiste, les chiffres explosent en revanche dans les pays anglo-saxons. En Grande-Bretagne, une étude de 2021 a ainsi révélé « une augmentation de 787 % des diagnostics d’autisme entre 1998 et 2018 » (Euronews) et aux USA, une autre étude publiée en 2024 a conclu « à une augmentation de 452 % chez les adultes américains âgés de 26 à 34 ans entre 2011 et 2022 » (Euronews). La prévalence est ainsi passée aux États-Unis de un cas pour 10 000 naissances dans les années 70 à un cas pour 36 aujourd’hui et même un cas pour 22 naissances dans la ville de New York par exemple. Si certains scientifiques justifient cette explosion par un plus grand nombre de déclarations des cas d’autisme et un meilleur diagnostic, les causes de ce trouble mental sont toutefois mal connues et probablement multifactorielles.
Rappelons que l’autisme est une affection « neurodéveloppementale » dont il existe différentes formes et degrés, qui se caractérise par des difficultés comportementales touchant les facultés intellectuelles, langagières et sociales et en particulier des routines et des paroles ou gestes répétitifs. La prise en charge des enfants autistes lourdement affectés peut parfois s’avérer complexe et délicate, puisqu’il n’existe pas de traitements médicamenteux pour soigner le trouble lui-même, mais uniquement les maux qui peuvent y être associés comme l’insomnie ou l’épilepsie. Dans cette mesure, la récente étude menée sur les effets du cannabidiol par des chercheurs de l’Université de São Paulo, au Brésil, pourrait bien constituer un espoir pour toutes les personnes atteintes de troubles autistiques. Le CBD serait en effet susceptible de « réduire les symptômes chez les enfants autistes et les adolescents, conduire à des bénéfices significatifs et améliorer leur comportement », selon les résultats de l’enquête.
Le cannabidiol pourrait aider à réduire substantiellement de nombreuses affections liées aux troubles autistiques.
Pour parvenir à ces conclusions, les scientifiques brésiliens se sont appuyées sur des études antérieures incluant un total de 276 enfants âgés en moyenne de dix ans et demi. Tous les participants ont reçu un traitement à base de cannabidiol et la plupart d’entre eux ont montré « des « améliorations modérées » de la réponse sociale et des « faibles mais notables » diminutions des comportements perturbateurs et de l’anxiété ». Selon le rapport, les prises de CBD ont également « considérablement amélioré la réactivité sociale, réduit les comportements perturbateurs et atténué l’anxiété tout en améliorant la qualité du sommeil ». En outre, le cannabinoïde n’a pas eu plus d’effets indésirables que le placebo, témoignant ainsi d’une certaine innocuité décrite comme « favorable » par les chercheurs. Le Dr Lara Branco, de l’Université de São Paulo a déclaré que « La prévalence de la population mondiale de diagnostic de TSA chez les enfants et les adolescents augmente, mais de nombreuses voies de traitement ne sont pas efficaces ».
« Il est donc prometteur de voir l’effet de l’extrait de cannabis CBD sur les participants à l’étude », a-t-elle poursuivi, précisant toutefois qu’il fallait encore « mettre considérablement l’accent sur la poursuite de la recherche avec des essais plus vastes, afin de clarifier son efficacité et sa sécurité dans la gestion des troubles autistiques ». Les résultats de l’enquête brésilienne ont été présentés lors de la 33è édition du Congrès européen de Psychiatrie qui s’est tenu à Madrid du 5 au 8 avril dernier. De nombreux scientifiques présents se sont félicités de cette étude, parmi lesquels le Pr Geert Dom, président de l’Association européenne de Psychiatrie qui a déclaré : « C’est avec plaisir que nous voyons les résultats de cette méta-analyse et nous espérons voir d’autres recherches à ce sujet afin que nous puissions nous rapprocher des besoins non satisfaits au sein de cette communauté ». Ceci après avoir précisé que « Les TSA peuvent être extrêmement frustrantes pour toutes les personnes impliquées ; les parents d’enfants et d’adolescents atteints de troubles, les cliniciens traitants et, bien sûr, les enfants et les adolescents eux-mêmes. Une grande partie de cette frustration est due à trouver une option de traitement viable qui fonctionne pour réduire les symptômes ».