Dans le cadre d’une interview accordée à nos confrères de RMC ce 15 octobre, le député et premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a réaffirmé sa volonté de lutter contre le trafic de drogue et évoqué la légalisation comme l’une des solutions pour y mettre fin.
« La position du Parti socialiste est que nous devons expérimenter la légalisation du cannabis, afin de soulager les services de police sur cette question concernant une drogue qui n’entraîne pas forcément le passage à des drogues plus dures. » C’est par ces mots qu’Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste et figure éminente du NFP à l’Assemblé nationale a répondu à la question de la journaliste Apolline de Malherbe concernant sa position sur la légalisation du cannabis, au cours de l’émission « Face à Face » qu’elle anime chaque jour de la semaine sur RMC.
Olivier Faure a ensuite précisé dans quelles conditions cette légalisation pourrait avoir lieu, avec d’abord des expérimentations ciblées sur des territoires définis : « On pourrait regarder comment cela se passe dans certains départements, certaines villes, faire ce que d’autres pays en Europe font déjà. (…) Vous avez aujourd’hui des pays en Europe où le cannabis est en réalité légalisé et où l’on consomme moins qu’en France. » La France est en effet le pays du Vieux Continent où la consommation de cannabis est la plus importante, devant l’Espagne et l’Italie, comme l’a d’ailleurs souligné le premier secrétaire
du PS : « La France est dans un paradoxe incroyable, puisque nous avons à la fois le pays le plus prohibitif et en même temps le pays où il y a le plus grand nombre de consommateurs. »
Plus de la moitié des Français (51 %) se disent aujourd’hui favorables à la légalisation du cannabis récréatif.
Une réalité qui n’est pas nouvelle et dénoncée de longue date par plusieurs représentants de la gauche, parmi lesquels Manuel Bompard ou Jean-Luc Mélenchon. Les différents partis classés à gauche se sont néanmoins trouvés souvent en désaccord sur la question de la légalisation du cannabis, certains, comme EELV ou le NPA la défendant bec et ongles, d’autres se montrant plus réservés sur ses bénéfices et notamment le Parti Socialiste dont les figures importantes ont longtemps eu des points de vue divergents sur ce sujet. Les propos d’Olivier Faure semblent donc suggérer une évolution de la position générale du PS, puisqu’il évoque la « position du Parti socialiste » et non uniquement la sienne.
Dans un contexte d’accélération de la délinquance liée au narcotrafic et où certains quartiers de grandes villes françaises sont littéralement aux mains des trafiquants, l’inquiétude populaire ne fait que croître et la question de la légalisation revient logiquement sur le devant de la scène, la moitié des Français considérant que cela constituerait une solution efficace pour lutter contre le trafic de stupéfiants selon un sondage Ifop paru en juin 2023 (et même 67 % d’après un sondage publié en juin dernier dans Le Parisien). M. Faure a d’ailleurs précisé que l’objectif principal d’une éventuelle légalisation était pour le PS la lutte contre la délinquance : « Je souhaite que nous puissions démanteler une économie qui est aujourd’hui celle de la drogue et qui tient des quartiers entiers, avec tout un système qui s’est installé. La question est donc, comment peut-on briser aujourd’hui cette économie ? »
La réponse du premier secrétaire à la question d’Apolline de Malherbe qui lui demandait de quelle manière cette expérimentation pourrait être réellement mise en place avec des villes « légalisées » et d’autres non est toutefois restée assez vague, Olivier Faure reconnaissant que cela serait probablement compliqué et qu’il n’avait pas la possibilité d’en donner les détails, n’étant pas « expert en la matière ». Même si ces propos d’un des principaux responsables politiques peuvent paraître encore bien timides, ils ont au moins le mérite de relancer le débat sur la légalisation du cannabis dans l’Hexagone, où les gouvernements successifs et les autorités concernées ont plutôt l’habitude d’afficher leur mutisme, voire leur hostilité vis-à-vis de la question depuis des décennies.