Au milieu de l’année dernière, la Polynésie a enfin légalisé le cannabis CBD et thérapeutique, respectant le taux légal de THC, fixé comme en métropole à 0,3 %. Les arrêtés d’application de la loi ont été publiés quant à eux en février dernier et le territoire vient de lancer un appel à candidature aux agriculteurs, afin d’organiser la culture du chanvre à travers les cinq archipels.
Le 23 août 2024, la Polynésie française légalisait le cannabidiol et le cannabis thérapeutique sur l’ensemble du territoire comprenant les archipels de la Société, des Tuamotu, des Marquises, des Gambier et des Îles sous le Vent, à la condition que le taux de THC soit inférieur à 0,3 %, même pour le chanvre médical. Sept mois après, le 6 février dernier, sont parus les arrêtés d’application de la nouvelle loi, fixant les conditions nécessaires à la culture du cannabis dans la collectivité, l’ambition pour la Polynésie étant de se doter d’une production réellement autonome. Si la loi a bien été validée par les autorités polynésiennes pour « répondre principalement à un enjeu de santé publique », qui se fera donc notamment à travers de nouveaux produits à base de CBD et chanvre thérapeutique, elle reste pour le moment strictement encadrée. La Direction de l’Agriculture (DAG) a d’ailleurs précisé une nouvelle fois que la loi était conditionnée à une phase pilote d’un an, consacrée exclusivement à la recherche scientifique.
Hier, la DAG a donc lancé un appel à candidature aux agriculteurs polynésiens souhaitant participer à cette expérimentation pour les douze mois à venir. Les demandes d’agrément pourront être déposées jusqu’au 1er avril, mais seuls dix candidats seront sélectionnés, soit deux par archipel. Chacun d’entre eux devra en outre répondre à différents critères, dont le principal est la propriété obligatoire d’un bien foncier d’une surface minimale de 1 500 mètres carrés, mais il leur faudra également être agriculteur professionnel et résider sur le territoire depuis au moins dix ans. Des conditions strictes qui devraient déjà écarter un certain nombre de postulants, d’autant que d’autres règles tout aussi contraignantes figurent dans les arrêtés d’application. Dans le détail, les terres cultivables devront obligatoirement se situer à plus de 100 mètres de tout établissement scolaire, incluant les garderies, les centres aérés et les structures réservées aux plus jeunes, mais aussi des lieux de culte et des voies ouvertes à la circulation.
La Polynésie recherche 10 agriculteurs qui auront la possibilité de devenir des pionniers du cannabis sur le territoire.
D’autre part, les terres agricoles accueillant le chanvre thérapeutique ne pourront pas être trop éloignées d’une gendarmerie et d’une antenne de la Direction agricole, ces organismes ayant reçu pour instruction d’effectuer des contrôles réguliers qui pourront avoir lieu plusieurs fois dans le mois. Les agents de l’administration veilleront au respect du taux de THC autorisé, mais vérifierons également qu’une partie de la production ne soit pas détournée à des fins illégales. À cet égard, les candidats sélectionnés seront tenus de sécuriser leurs installations et de tenir décompte précis du volume de chanvre cultivé et récolté. Le territoire ne mettra aucun terrain public à disposition des agriculteurs, mais fournira en revanche 500 graines de cannabis issues de différentes variétés à chacun d’entre eux, ainsi qu’une assistance technique. Par le biais de la Direction agricole, le gouvernement polynésien prendra également à sa charge les prélèvements et les analyses des différentes échantillons.
Après sa validation par les autorités compétentes, le candidat retenu signera avec la DAG un accord de partenariat soumis à un cahier des charges exhaustif. L’organisme a par ailleurs annoncé qu’il faudra encore deux mois après la clôture du dépôt des candidatures pour instruire les différents dossiers et sélectionner les dix candidats. Les archipels étant parfois assez éloignés les uns des autres, chacun dispose d’un climat propre qui devrait donc donner des résultats différents au niveau des cultures. La phase pilote d’un an permettra ainsi aux ingénieurs agronomes de la DAG d’évaluer les propriétés de chaque variété cultivée selon l’endroit où elle se trouve et de retenir celles qui disposeront des meilleurs capacités selon leurs usages respectifs, thérapeutique, alimentaire ou industriel. Au-delà du seule usage médical, le territoire a en effet encouragé à la culture du chanvre pour une utilisation élargie, notamment dans le domaine du textile, afin de créer à long terme une économie solide à l’instar du tourisme, qui constitue la principale source de revenus du territoire.
