Une nouvelle étude vient de mettre en lumière les bienfaits du cannabidiol dans la prévention des infections buccales. On connaissait déjà les nombreux avantages du CBD en matière d’atténuation du stress, de soulagement de la douleur ou dans le traitement des insomnies, mais ses vertus bactéricides sont moins bien documentées. Et il semble bien que dans ce domaine également, le célèbre cannabinoïde puisse contribuer à améliorer notre santé.
Menée par une équipe de chercheurs de l’université Western, en Ontario, et financée par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, une récente étude révèle que le CBD pourrait constituer un moyen naturel et efficace de combattre les infections dentaires et plus généralement, liées à la sphère buccale. Pour mener à bien leurs recherches, qui portaient sur les propriétés du cannabidiol dans le cadre des soins et de l’industrie dentaires, les scientifiques ont incorporé la molécule dans un matériau polymère synthétique fréquemment utilisé pour la fabrication des prothèses dentaires, le polyméthacrylate de méthyle (PMMA). Si ce type de plastique est privilégié par les prothésistes, c’est parce qu’il présente d’excellentes propriétés mécaniques, une bonne compatibilité biologique et imite de façon satisfaisante l’apparence des tissus dentaires naturels. L’équipe universitaire a ensuite cherché à tester les facultés antimicrobiennes du CBD, utilisant pour cela trois types de bactéries.
Les revêtement de prothèses dentaires contenant du cannabidiol ont donc été confrontés aux redoutables staphylocoque doré, E. coli et streptocoque B avec un certain succès comme le rapportent les conclusions de l’enquête publiées dans la revue scientifique Molecules. Les chercheurs ont ainsi décrit des « effets bactéricides significatifs » contre les bactéries gram positif (qui se colorent sous l’action du violet de gentiane). En ce qui concerne les bactéries gram négatif, réputées pour offrir plus de résistance aux antibiotiques grâce à leur capsule protectrice, le CBD n’a pas montré d’efficacité pour toutes celles dites « planctoniques », mais a en revanche éliminé avec brio les biofilms, des communautés cellulaires qui permettent aux bactéries de survivre dans leur environnement. L’étude a révélé « une réduction de 99 % de la croissance des biofilms pour les bactéries gram positif et gram négatif sur le PMMA infusé au CBD par rapport au PMMA standard », le cannabinoïde « perturbant les voies cellulaires bactériennes et entraînant la dégradation de la cellule elle-même. »
Incorporé dans le polymère servant à fabriquer les prothèses dentaires, le CBD peut aider à prévenir efficacement les infections buccales.
« En résumé, les études sur les biofilms ont montré que les revêtements PMMA/CBD étaient efficaces pour éradiquer tous les agents pathogènes présents à leur surface », indique encore le rapport. Dans le détail, les différences entre le polymère normal et celui traité au cannabidiol étaient parfois spectaculaires, comme dans le cas du streptocoque B qui montrait une croissance 10 000 fois supérieure sur un échantillon non traité. Les résultats étaient à peine inférieurs pour les deux autres types de bactérie. Dans le cadre du travail des prothésistes, les chercheurs ont déclaré que leur étude « démontrait que le CBD peut être incorporé dans des matériaux, permettant ainsi de fabriquer des prothèses dentaires sans antibiotiques pour prévenir les biofilms buccaux et réduire la plaque dentaire. » Ils ont également précisé que « des études approfondies étaient néanmoins nécessaires pour déterminer la manière de concevoir des revêtements capables de libérer les agents bactéricides du CBD de façon contrôlée et soutenue. »
« Cette libération soutenue, ont-ils poursuivi, maintiendra les concentrations efficaces de CBD sur une période prolongée, maximisant ainsi leur capacité à perturber les biofilms et à éliminer les bactéries qu’ils contiennent ». Au cours de leurs expériences, les scientifiques avaient en effet constaté une « libération soudaine » de cannabidiol au cours des douze première heures, suivie d’une « libération constante dans l’environnement in vitro par la suite. » L’équipe de l’université Western a également recommandé d’orienter les prochaines recherches sur les raisons pouvant expliquer l’inefficacité du CBD sur les seules bactéries planctoniques. Quelques études auparavant avaient déjà conclu aux propriétés bactéricides du cannabidiol, notamment contre certaines bactéries comme Gardnerella vaginalis, susceptibles d’entraîner des infections vaginales, ou encore dans le cadre d’aseptisation de plaies ouvertes avec dans la plupart des cas une accélération de la cicatrisation.
