Une étude danoise portant sur des milliers d’individus suivis pendant des décennies et dont les conclusions viennent d’être publiées, révèle que la consommation de cannabis ne provoque aucun effet délétère sur le déclin cognitif lié à l’âge et n’en accélère pas le processus. Déjà suggérée dans de précédentes études, l’innocuité du cannabis sur l’étiolement des facultés intellectuelles se confirme donc, sous réserve néanmoins que la consommation n’ait pas débuté trop tôt.
Une équipe de chercheurs issus pour la plupart de l’Université de Copenhague, au Danemark, a récemment publié dans la revue scientifique américaine Brain and Behavior les résultats d’une étude consacrée aux effets du cannabis sur le déclin cognitif chez les hommes, un sujet plusieurs fois exploré par la science, mais le plus souvent à travers des recherches plus générales donnant des résultats mitigés ou démontrant des effets négatifs mais uniquement à court terme. L’étude danoise est quant à elle beaucoup plus ambitieuse, puisqu’elle a suivi quelque 5 162 hommes sur une période moyenne de 44 ans, un panel très important qui permet d’obtenir des données plus précises et significatives. Les chercheurs danois ont ainsi examiné régulièrement le vieillissement cognitif des sujets depuis le début de l’âge adulte jusqu’au milieu de l’âge mûr pour certains d’entre eux, soit entre 50 et 60 ans. Battant en brèche les idées reçues concernant les effets délétères du cannabis sur les facultés intellectuelles, l’étude démontre qu’aucun élément scientifique n’accrédite une tel cliché.
Selon les résultats récemment publiés, il s’avère même que les hommes ayant consommé plus ou moins régulièrement du cannabis présentaient un déclin cognitif moins important que ceux qui n’en avaient jamais consommé ou de manière très ponctuelle et ce tout au long de l’étude, du début de l’âge adulte jusqu’à l’âge mûr. Le rapport précise ainsi que « Les consommateurs de cannabis ont montré un déclin cognitif significativement inférieur par rapport aux non-utilisateurs. En effet, alors que le déclin cognitif moyen du panel total était de 6,2 points de QI, les consommateurs de cannabis présentaient en moyenne un déclin cognitif inférieur de 1,3 point par rapport au reste du groupe. » Les chercheurs ont toutefois admis que cette dernière donnée n’était pas forcément significative sur le plan clinique, dans la mesure où elle ne représentait que 7 % d’un écart type . Il apparaît en outre que même la consommation fréquente de cannabis sur une longue période ne contribue pas au délitement des facultés intellectuelles.
Contrairement à une idée reçue bien ancrée, le cannabis ne semble pas nuire aux facultés cognitive et pourrait même en stimuler certaines.
Le rapport d’étude indique ainsi que « Les années de consommation fréquente de cannabis n’étaient généralement associées à aucune différence significative dans le déclin cognitif, par rapport à l’absence de consommation régulière. » Les chercheurs danois ont également pointé les limites de l’étude et notamment le fait que « L’association observée d’un déclin cognitif moindre chez les consommateurs de cannabis par rapport aux non-utilisateurs dans cette étude, peut refléter les caractéristiques des consommateurs de cannabis plutôt que les effets directs du cannabis lui-même. » Les auteurs expliquent par exemple que les consommateurs de cannabis avaient en moyenne un QI et un niveau d’études plus élevés que les autres, mais étaient aussi de plus gros consommateurs d’alcool et de tabac. Des facteurs non pris en compte parmi d’autres et susceptibles d’avoir un impact sur l’association avec le cannabis pouvant entraînant des résultats biaisés, dans des proportions modestes néanmoins.
Même si les conclusions de l’étude danoise plaident une fois de plus en faveur de l’innocuité du cannabis sur le vieillissement du cerveau, les chercheurs ont prudemment affirmé que « d’autres études (étaient) nécessaires pour déterminer si ces résultats reflètent qu’il n’y a pas d’effets néfastes sur le déclin cognitif ou que les effets du cannabis sont temporaires et disparaissent après une période prolongée. » L’étude portant sur des sujets adultes et donc sortis de l’adolescence, elle n’a évidemment pas remis en question les conclusions de plusieurs études précédentes sur le cerveau en développement, affirmant que « Le cannabis peut avoir des effets permanents sur le cerveau en développement lorsque la consommation commence à l’adolescence, en particulier en cas d’utilisation régulière ou importante. » L’adolescence est en effet une période durant laquelle le cerveau et les facultés cognitives se développent activement et ce jusqu’à un âge dépassant la vingtaine. L’étude ne précise pas en revanche pourquoi les sujets féminins en ont été exclus.