AccueilActualitésLégislationLe cannabis thaïlandais en plein marasme

Le cannabis thaïlandais en plein marasme

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Annoncées au début du mois de juin par le gouvernement thaïlandais, les nouvelles règles sur le cannabis sont entrées en application cette semaine, créant une grande confusion au sein de l’industrie. Les nombreux détaillants se sentent à présent menacés dans leur existence même, tous comme les producteurs, et le tourisme qui représente une part importante du PIB pourrait lui aussi être affecté par le revirement brutal du gouvernement actuel.

Ratifiées par le ministre de la Santé le 26 juin et publiées ce mardi dans le Journal officiel, les modifications de la loi sur le cannabis sont donc légalement entrées en vigueur ce même jour. Les autorités avaient toutefois commencé à sévir dès le lendemain de la signature du décret, créant une vague de panique chez les détaillants et suscitant de vives protestations. Il faut dire qu’en moins de trois ans, depuis la dépénalisation du cannabis en 2022, le pays s’était lancé à corps perdu dans sa production et sa commercialisation à travers la création de milliers d’hectares de cultures et de points vente. Dispensaires, coffee-shops, boutiques, avaient poussé comme des champignons, proposant des dizaines de produits bruts ou transformés sous le regard plutôt bienveillant d’un gouvernement qui encourageait alors l’expansion de ce nouveau marché susceptible de rapporter au pays des dividendes substantielles. La Thaïlande était en outre la première nation d’Extrême-Orient à autoriser le cannabis (sous conditions strictes), créant ainsi pour le tourisme un nouvel appel d’air.

Rappelons tout d’abord que la réglementation de 2022 portée par le ministre de la Santé d’alors, Anutin Charnvirakul, en retirant le cannabis de la liste des produits stupéfiants, n’en légalisait pas pour autant sa version récréative. En effet, la nouvelle loi donnait la possibilité de cultiver la plante, de la vendre et d’en consommer dans un certain nombre de produits dérivés ou pour une utilisation strictement médicale, sous réserve que le taux de THC ne dépasse 0,2 %, mais la marijuana demeurait théoriquement interdite et son utilisation passible de sanctions. Le climat assez euphorique qui a suivi cette dépénalisation a néanmoins été renforcé par une certaine tolérance des autorités assistant d’un œil débonnaire à l’ouverture des boutiques et répondant de bonne grâce aux dizaines de milliers de demandes d’autorisations nécessaires à la culture du cannabis. Ceci, sans que les taux réels de THC et la qualité des matières premières soient vérifiés, ce qui a rapidement donné lieu dans les faits a une relative anarchie ou plutôt à une lecture très étendue des textes de loi.

La nouvelle réglementation va entraîner des milliers de faillites à travers le pays et forcer de nombreux professionnels et consommateurs à se tourner vers le marché noir.

Pendant les mois qui ont suivi, le pays a donc développé une économie cannabique florissante mais très mal contrôlée, donnant du grain à moudre au nouveau gouvernement beaucoup plus conservateur élu en 2023 et qui n’a pas tardé à remettre en question la dépénalisation du cannabis, annonçant même en 2024 l’abrogation de la loi avant de faire marche arrière. Ceci néanmoins sans que les détracteurs du cannabis n’abandonnent l’idée d’un durcissement de la réglementation qui a finalement été annoncé et détaillé par le ministre de la Santé Somsak Thepsutin voilà un mois et demi (voir notre article du 22 mai dernier). Pour les autorités, cette décision a vite trouvé sa justification avec l’extension de l’usage récréatif du cannabis et des ventes non réglementées. Le ministère de la Santé a ainsi dénoncé une forte augmentation des cas de toxicomanie, un accès facilité pour les plus jeunes et une croissance substantielle de leur consommation, ainsi qu’une contrebande accrue de la marijuana par les touristes et les visiteurs étrangers.

Depuis le 1er juillet donc, en plus de l’obligation pour les consommateurs de présenter un certificat médical pour obtenir du cannabis, les vendeurs devront désormais tenir des registres détaillés, s’abstenir de toute publicité et feront l’objet de contrôles réguliers par des agents gouvernementaux. La vente de cannabis en ligne est également interdite, tout comme les distributeurs automatiques qui ont fait florès en Thaïlande et qui devront donc être déboulonnés. Du côté des producteurs, seuls ceux ayant reçu la certification gouvernementale « bonnes pratiques agricoles et de collecte » pourront continuer à cultiver et seront autorisés à fournir les dispensaires qui ne devront pas dépasser 30 jours d’approvisionnement par client. Enfin, le gouvernement prévoit de reclasser le cannabis parmi les stupéfiants, même s’il n’a pour l’instant annoncé aucune date. « Nous voulons dire aux touristes qu’ils sont les bienvenus pour profiter de la culture et de la nature de la Thaïlande, mais le pays ne doit pas être considéré comme une destination pour la consommation de cannabis à des fins récréatives » a prévenu Somsak Thepsutin.

Pour les dizaines de milliers de Thaïlandais qui vivent aujourd’hui de la culture et de la vente du cannabis, cette nouvelle réglementation est vécue comme un véritable coup de massue qui va laisser sur le carreau la grande majorité d’entre eux. Même pour les détaillants ayant respecté la loi depuis le départ, les coûts liés à la mise en conformité des structures et les obligations administratives, comme la présence d’un médecin ou d’un pharmacien agréés dans chaque dispensaire vont peser lourd et il y a fort à parier que le pays assiste rapidement à une explosion du marché noir. Les professionnels craignent également la multiplication de faux certificats médicaux dans un pays où la corruption est monnaie courante et plusieurs groupes de défenses et entreprises ont d’ores et déjà annoncé des recours collectifs, ainsi que des manifestations dont la première est prévue le 7 juillet devant le ministère de la Santé à Bangkok. Pour répondre au tollé général de la filière, les autorités ont accepté de reporter de un à deux mois l’application des nouvelles normes pour les producteurs, ainsi que la règle de prescription pour les détaillants, ce qui ne devrait guère remédier à la situation délicate dans laquelle se trouvent désormais la plupart d’entre eux.

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