Depuis cinq ans, les ventes de produits cosmétiques au CBD ont connu une progression constante dans tous les pays du monde où la molécule est autorisée et un particulier en Europe et en Amérique du Nord, comme en témoigne un récent rapport paru aux USA. Une dynamique qui devrait encore s’accélérer dans les années à venir.
Si l’introduction du chanvre dans les produits cosmétiques n’est pas nouvelle, puisque l’on en retrouve des traces dès l’Antiquité pour des usages probablement liés aux soins de la peau, son développement industriel est quant à lui assez récent et corrélé à l’arrivée sur le marché du cannabidiol. Dès le milieu de la précédente décennie, autour de 2015, des entreprises américaines et suisses notamment lancent les premières gammes de produits cosmétiques à base de CBD, en particulier des savons et des shampoings, mais aussi des crèmes et des huiles pour la peau. Mais c’est après la décision de la Cour européenne de Justice accréditant en 2019 la libre circulation du CBD au sein de l’UE, que les produits cosmétiques utilisant le cannabinoïde vont réellement commencer à se répandre sur les marchés occidentaux. Plusieurs entreprises se spécialisent alors dans la production de crèmes, gels douche, lotion capillaires et autres masques de beauté qui vont rapidement envahir les rayonnages des boutiques spécialisées mais également ceux des pharmacies et grandes surfaces.
Cantonné pendant les premières années aux pays d’Europe et d’Amérique du Nord, le marché prend désormais un tournant plus international et l’utilisation du CBD est même largement envisagée par de grandes marques comme Uneliver, L’Oréal ou Estée Lauder qui commercialisent déjà des produits à base de chanvre, d’autres comme les laboratoires Boiron ayant déjà sauté le pas récemment. C’est dans ce contexte que le groupe américain Imarc, spécialisé dans les études de marché vient de publier un rapport très complet sur « le marché des soins de la peau au CBD », ce qui réunit en réalité la quasi totalité des cosmétiques. On y apprend ainsi que le chiffre d’affaires du marché mondial de la cosmétique au CBD a atteint 1,6 milliard de dollars en 2023 et qu’il devrait continuer à afficher une courbe montante dans les années à venir, pour atteindre quelque 7,4 milliards de dollars en 2032. Cela représente donc un taux de croissance de 18,33 %, à mettre en parallèle avec la dernière enquête réalisée sur ce sujet voilà deux ans.
Les produits au CBD pourraient représenter jusqu’à 7 % du marché global de la cosmétique d’ici 2032.
En 2022, c’est en effet le cabinet spécialisé Allied Market Research qui avait rendu un rapport dans lequel il prévoyait un chiffre d’affaires de 3,4 milliards de dollars en 2026 pour le marché mondial des soins de la peau au CBD, soit une progression de 19,5 %. Au premier rang des bénéficiaires de cette envolée, les États-Unis avec une progression avoisinant les 25 % (24,3 %), suivis du Canada puis des pays de l’Union européenne. Les produits à base de CBD tiennent donc une place de plus en plus importante au sein du marché des cosmétiques, même si elle demeure encore très modeste au regard des 159 milliards de dollars de chiffre d’affaires réalisés en 2023 par le commerce global des soins de la peau, dont l’augmentation ne devrait pas néanmoins dépasser les 4 % d’ici 2032. Cette demande du public occidental pour les produits à base de CBD s’inscrit dans un contexte général de retour au naturel et d’écologie, deux valeurs qui font désormais florès dans de nombreux domaines. Molécule constitutive du cannabis, le cannabidiol s’inscrit fort bien dans cette perspective.
Certaines enquêtes donnent ainsi jusqu’à 70 % de consommateurs privilégiant désormais les produits naturels plutôt que synthétiques et le CBD constitue donc un excellent candidat, doté en outre de nombreuses vertus dont certaines ont été largement démontrées comme ses facultés antioxydantes, susceptibles de lutter contre un certain nombre d’affections dermatologiques allant de l’acné à l’alopécie. Les campagnes marketing lancées par plusieurs acteurs de la filière du CBD vantant les mérites du cannabinoïde semblent également avoir contribué à la progression du marché des cosmétiques, tout comme les efforts des professionnels en direction de la qualité et de la traçabilité des matières premières et surtout la diversification des points de vente. D’abord circonscrits aux boutiques spécialisées, ces produits se sont en effet répandus assez vite dans les supermarchés et surtout les pharmacies qui représentent aujourd’hui leur principale source de distribution, à l’instar des compléments alimentaires au CBD.
Le dernier verrou à faire sauter demeure la législation et la nécessité d’un règlement parfaitement clair et applicable à l’ensemble des acteurs du marché mondial. Aujourd’hui, les produits cosmétiques à base de CBD sont soumis à un certain nombre d’obligations qui concernent notamment les variétés de plantes, mais aussi les parties exploitables qui varient d’une législation à l’autre. Le seuil de THC est lui aussi soumis à des restrictions et ne doit pas dépasser 0,3 % dans la plupart des États où le CBD est autorisé. Enfin, les entreprises commercialisant des produits au CBD (qu’ils soient cosmétiques ou pas) ne doivent faire aucune allégation thérapeutique à des fins de promotion sous peine de sanctions, comme c’est notamment le cas en France. L’utilisation du CBD par les grandes marques internationales de cosmétique devrait également constituer un tournant pour le marché, certains la prédisant dans un délai compris entre trois et cinq ans, en espérant toutefois que les géants du secteur ne soient pas dans l’attente dudit règlement international…
